Photo château beaufort
Chateau Beaufort - 1910

un nom évocateur

LE NOM BEAUFORT

Commençons par le nom : Beaufort
C’est bien sûr un nom qui évoque immédiatement le château, la forteresse, le moyen-âge…

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C’est en 1095 qu’apparaît la première trace écrite de ce nom, mais qui est inscrite sous la forme «Belfort» et qui évoque déjà, la belle forteresse Minervoise.. Ce n’est qu’un peu plus tard, que le nom de Beaufort est repris dans les différents textes. C’est aujourd’hui à la fois le nom d'une petite commune du sud de la France, un nom de famille; celui des seigneurs de Beaufort et le nom d’un château de domaine viticole:  le domaine du Château de Beaufort.

Le lieu est d’une richesse historique tout à fait exceptionnelle, d’une part dû aux différents propriétaires du domaine mais aussi de par le patrimoine exceptionnel qu’il représente, en particulier le château qui est classé monument historique.

AVANT 1095

LA PÉRIODE ANTIQUE

On a mentionné que l’histoire viticole du domaine est de 900 ans, mais c’est en fait beaucoup plus ancien. Nous n’avons cependant pas de nom de possesseur connu avant l’an 1095, mais les faits historiques ainsi que les fouilles archéologiques effectués sur le domaine permettent avec une quasi certitude d‘attester que le vin était produit sur l’exploitation depuis au moins l’occupation romaine.

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Les faits historiques:

Le domaine est situé à 30 km de Narbonne, qui fut à son époque le deuxième port de l'empire romain et l'on sait que la région avait été découpée et attribuée à des vétérans des Légions romaines.

C'est juste après la fin de la guerre des Gaules que César, pour faire face à la démobilisation des troupes, choisit de distribuer de la terre provinciale conquise à ses soldats qui ont bien mérités. Dans la région de Narbonne, ce sont près de 6000 vétérans de la 10e Légion qui s'installent dans la région en 46 avant J.C.. Chaque vétéran se retrouvait attribué d'une parcelle de 25 ha environ. Ces vétérans, porteurs d'une partie de la gloire du monde romain conquérant, ont fortement contribué au développement de la culture de la vigne. Le vin produit était aussitôt réexporté dans tout l'empire et était l'un des principaux fournisseurs de la ville de Rome.

Très rapidement, en quelques décennies, entre 10 et 40 après J.C. , les vins produits prennent une importance telle qu'ils surpassent les autres vignobles de l'empire et à partir des années 70, le vin de la région va devenir conquérant de telle manière que l'on en trouve dans tous les centres urbains autour de la méditerranée occidentale et au-delà vers les frontières de la Germanie et de la Bretagne. C'était une époque de très forte croissance économique centrée sur le vin.

Les fouilles achéologiques:

Certaines parcelles ont fait l'objet de campagnes fouilles archéologiques, en particulier en 1910, 1929 et 1931, où l'on a pu trouver de nombreux vestiges, dont des amphores et des dolia qui sont d'énormes jarres en terres cuites enterrés dans le sol et utilisés pour la vinification et la conservation des vins.

Après les labours, il n'est pas rare de trouver des éclats d'amphores qui affleurent du sol...

Éclats d’amphore récupéré après les labours

En 2019, nous avons contacté à nouveau les archéologues de la Direction Régionale des Affaires Culturelles et ceux-ci sont revenus aussitôt afin de faire de nouveaux sondages. De nouvelles fouilles vont avoir lieu.

1095

LES PREMIERS FÉODAUX

C'est donc en 1095, qu'apparaît dans un texte le premier possesseur connu, du nom de Oton de Belfort. C'est à cette époque qu'apparaît les premiers châteaux et celui de Beaufort est bâti sur le sommet d'une étroite colline dominant la plaine Minervoise, sur un site exceptionnellement bien situé, contrôlant la route de Narbonne à Minerve. On retiendra de ces premiers seigneurs de Beaufort qu'ils entretenaient des liens très privilégiés avec l'abbaye Sainte Marie de Fontcaude avec laquelle, ils avaient fonction de grange monastique, c'est-à -dire qu'ils fournissaient à l'abbaye leurs meilleurs vins. L'abbaye dont les moines étaient très organisés commercialement exportaient le vin qu'ils n'utilisaient pas. En quelque sorte, ils jouaient le même rôle que les négociants en vins de nos jours.

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A partir du moyen-âge que l'on peut retracer l'histoire du domaine et de la dynastie des propriétaires grâce aux différents écrits qui ont été conservés durant des siècles dans les paroisses religieuses, chez les notaires, dans les mairies.

On sait donc qu'Oton de Beaufort assiste comme témoin aux donations des seigneurs de Pépieux aux églises de Minerve. En 1145, Guillaume de Beaufort souscrit comme témoin à des donations à l'église de Minerve par Guillaume de Minerve et son épouse. Un peu plus tard, un Guillaume de Beaufort reçoit de sa belle-mère des biens à Olonzac. En 1192, Etienne de Beaufort et son fils Bernard font donation au monastère de Fontcaude d'un fief et de droits seigneuriaux à Olonzac. En 1200, ce même Bernard fait donation à Fontcaude de terres à Olonzac. Enfin en 1207, Raymond de Beaufort fait profession religieuse et devient chanoine régulier de l'abbaye de Fontcaude.

1209

LA CROISADE DES ALBIGEOIS

La famille, ayant participé à la défense de la cité de Minerve, est dépossédée pendant la croisade des Albigeois, mais perdurera par après.

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Cette croisade est menée par Simon de Montfort en 1209 et sera un événement historique majeur. Le château de Beaufort ne pourra résister aux soldats de Simon de Montfort, mais les seigneurs de Beaufort perdureront par la suite, car un document nous apprend que Bernard de Beaufort, probablement le dernier représentant de la dynastie se rallia en 1226 aux révoltés de Raymond Trencavel et fut considéré comme rebelle donc ses biens seront confisqués au profit du roi. En 1262, sa veuve, Ermengarde de Palairac, présenta une requête pour tenter de les récupérer, mais en vain.

1209-1357

LES DE THURY: DES FRANÇAIS À BEAUFORT

Lambert de Thury était un chevalier de l'île de France, compagnon d'armes de Simon de Montfort lors de la croisade des Albigeois de 1209. Simon récompensa sa bravoure et sa fidélité par diverses donations dont la seigneurie de Beaufort.
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Après la mort de Lambert de Thury, en 1234, le roi Louis IX confirma ces donations à sa veuve Béatrix et à ses fils Lambert II et Simon sous la forme d'une rente annuelle de 1500 livres à prendre sur diverses localités ayant appartenu à des seigneurs locaux dépossédés pour rébellion, parmi lesquelles le lieu de Beaufort avec un moulin (sur Aude) et le péage du Pont d'Ognon. Cette donation sera encore confirmée aux deux fils par St Louis en 1256. Lambert II de Thury participa à la septième croisade en 1270. Par la suite, les documents concernant les Thury à Beaufort font défaut. On a cependant retrouvé le blason des seigneurs de Beaufort de cette époque.

Blason des seigneurs de Beaufort datant de 1291

A part ce blason datant de 1291, pendant plusieurs décennies nous n'avons plus de traces. C'est une des rares périodes de l'histoire du domaine ou les documents historiques faisant défaut, il est difficile de retrouver une descendance probable.

On sait cependant que dans le cadre de la guerre de 100 ans, un terrible évènement s'est produit après les vendanges de 1355, durant la deuxième semaine du mois de novembre. La région fut dévastée par plusieurs milliers de soldats réparties en plusieurs colonnes menées par le Prince Noir Édouard de Woodstock au cours de chevauchées qui était un mode de combat, basé sur la terreur et le pillage des populations civiles. On sait que les pieds de vignes ont été arrachés de manière systématique.

Deux ans plus tard, en 1357, un document atteste qu'un certain Guillaume De Thury, seigneur de Beaufort, reçut les reconnaissances des propriétaires du domaine de Beaufort.

1378

LES ISARN, SEIGNEURS DE BEAUFORT AU XIVe SIÈCLE

En 1378, c'est un juriste fraîchement anobli par Charles V, Pierre Isarn, licencié ès lois, juge mage (doyen des juges) de la sénéchaussée de Carcassonne qui acquiert des Thury la seigneurie de Beaufort, le fief d'Artix. Durant trois siècles, de 1378 à la fin du XVII e , huit générations d'Isarn seront seigneurs de Beaufort et d'Artix.

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Dès 1379, Pierre Isarn reçoit les reconnaissances des censitaires de Beaufort. En novembre 1389, c'est lui qui prête serment de foi et hommage au roi Charles VI pour la seigneurie de Beaufort. Cet hommage sera renouvelé en 1394 par l'un de ses trois fils Jean Isarn qui dut mourir assez jeune en léguant ses biens à son frère Pierre II vers 1399, année où ce dernier reçut à son tour les reconnaissances féodales des habitants de Beaufort. En 1404, suite à un arrêt du parlement de Toulouse et afin d'honorer le paiement de la dot de la veuve de Jean Isarn leur frère, Pierre et Amalric Isarn doivent vendre leur part d'Homps au chapitre St Just de Narbonne et le fief de Villerambert à Aymeric de Vernon, habitant de St Amans Val Thoré, le tout pour la somme de 800 livres tournois. Le 26 juillet 1407 , Pierre II prêta serment de fidélité au roi pour le lieu fort et château de Beaufort tenu en toute juridiction, la bastide d'Artix, la quatrième partie d'Azillanet et le fief noble de Cadirac tenu en indivision avec le seigneur de Cesseras et un des coseigneurs d'Azillanet. Après la mort de Pierre, en 1414, son frère Amalric Isarn prête le même serment au roi pour les mêmes fiefs. Enfin en 1456, c'est noble Pierre III Isarn, fils et héritier de feu noble Amalric qui prête serment au roi Charles VII pour le lieu de Beaufort en Minervois. 

 

Gaston Isarn de Beaufort

Amalric disparaît donc en 1455 laissant au moins trois fils. L'aîné, Pierre III est le seigneur de Beaufort au milieu du XVe, mais les documents pouvant le concerner manquent. Nous savons seulement qu'il eut un fils du nom de Gaston Isarn de Beaufort, seigneur de Beaufort qui vécut durant la deuxième moitié du Xve siècle et au début du XVIe. En 1503, il rendit hommage au roi Louis XII pour la seigneurie de Beaufort, les fiefs d'Artix, de La Livinière et de Savigne, d'autres fiefs à Olonzac, Siran et Oupia. Ce Gaston nous est surtout connu par son testament, daté du 7 octobre 1517 et rédigé au château de Beaufort. Il a été retrouvé aux archives de l'Hérault dans de vieux minutiers provenant du notariat d'Olonzac. Il nous apprend qu'il eut plusieurs filles légitimes et une bâtarde et deux fils, l'aîné Bernard, le cadet Jean. S'il institue son fils aîné légataire universel, il donne à Jean le fief que les Isarn possédaient à La Livinière et pour lequel ils devaient l'hommage au baron de Rieux. Ce Jean fut marié à Bonne de Ste Colombe, de la famille des seigneurs d'Oupia et eut en apanage la coseigneurie d'Azillanet. Par ce même testament, Gaston stipule qu'il veut 52 prêtres à ses funérailles et désire être inhumé dans l'église St Martin de Beaufort, devant le grand autel. Il fait une aumône aux habitants du village de vingt setiers de froment à convertir en pain cuit qui sera distribué les jours des messes de neuvaine et d'anniversaire. Parmi les autres divers legs, un setier de froment à chacun des quatre ordres mendiants, deux draps pour les pauvres d'une valeur de 10 florins chacun, la somme de cent livres à l'église St Martin de Beaufort pour la faire réparer. Il lègue aussi un trentenaire de messe à célébrer par les frères franciscains d'Azille et un trentenaire à Me François Mossal, curé de Beaufort, etc. Sans oublier sa fille bâtarde Jeanne qui reçoit en augment de sa dot 20 florins et deux robes nuptiales.

 

Bernard Isarn de Beaufort

L'aîné de Gaston, Bernard, épousa le 11 janvier 1501, Claire de Ste Colombe, fille de Pierre de Ste Colombe, seigneur d'Oupia et de Marguerite d'Auriac dont il eut trois enfants connus : deux filles et un fils. L'une de ses filles se maria avec François de La Roque, seigneur de Jouarres (près d'-Azille) et coseigneur d'Azillanet. Leur fils Pierre de la Roque fut un cavalier hors pair qui remporta sur de très nombreux gentilshommes gascons et languedociens le concours des joutes organisées à Toulouse devant le roi Charles IX et la cour en 1565. On verra que ses biens finiront par revenir à son cousin de Beaufort. Bernard d'Isarn, chevalier, seigneur de Beaufort, participa aux évènements militaires de son temps. Il fut gouverneur du château royal de Minerve de 1498 à 1520. Par provision de janvier 1501, il est nommé l'un des cent gentilshommes de la chambre du roi Louis XII. Il est probable qu'on lui doive la restauration importante du château de Beaufort faite à cette époque.

En effet, c'est suite à ses fonctions importantes auprès du Roi Louis XII et par le fait que cette époque est marqué par une rentabilité croissante de la culture de la vigne que Bernard d'Isard semble avoir eu des moyens financiers très important. Certes, les céréales sont toujours cultivés pour faire du pain, mais c'est la vigne et le vin qui rapporte le plus.

Bernard d'Isard décède en 1538.

 

La dynastie continue

Claire de Sainte Colombe, veuve de Bernard, semble avoir joué un certain rôle dans l'administration des biens de la famille. En 1532 elle échange avec son beau-fils François de La Roque de Jouarres la moitié de la seigneurie d'Aragon contre la seigneurie de la Force qu'elle revendra un peu plus tard pour la somme de 3400 livres à un bourgeois de Fanjaux. L'acte est signé au château de Beaufort en présence d'Anthoine Gros, bayle de Beaufort. L'année suivante elle rend hommage au roi pour la moitié de la seigneurie d'Aragon. Elle est encore vivante en 1548 et se fait titrer seigneuresse de Beaufort. Le seul fils connu de Bernard et de Claire de Ste Colombe, Jacques d'Isarn de Beaufort, écuyer, seigneur de Beaufort se maria le 28 avril 1541 avec Jeanne Le Noir, fille de François Le Noir, seigneur de La Redorte. De ce mariage naquit Jean, seigneur de Beaufort et d'Artix qui épousa par contrat du 4 décembre 1573 Claire Delguy fille de Jean Delguy et de Gabrielle de la Roque. L'épouse reçut une dot de 5300 livres et en cadeau de son futur mari une chaîne en or d'une valeur de 300 livres.

La seigneurie de Beaufort eut à souffrir des guerres de religion en 1590.

Jean d'Isarn testa et mourut en 1614. Deux enfants étaient nés de cette union : Izaac d'Isarn de la Roque et François d'Isarn de Beaufort. Du cadet François, nous ne savons pas grand-chose, sinon qu'il se maria le 4 décembre 1618 avec Jeanne d'Arnal dont il eut trois enfants, les derniers porteurs du nom. Il s'intitulait coseigneur d'Azillanet. En 1631, il reçut brevet d'une charge de gentilhomme ordinaire de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII. Il testa peu avant sa mort en 1648. Quant à l'aîné Izaac, il s'arrogea aussitôt le titre de baron de Beaufort et professa la religion réformée. A son sujet la documentation est plus fournie et dévoile un personnage ambitieux.

 

Izaac d'Isarn, baron de Beaufort

Izaac d'Isarn de la Roque, naquit vers 1590. Dès 1614, au décès de son mari, Claire Delguy fit donation à Izaac du château et des terres de Jouarres (près d'Azille) que son défunt époux avait reçu en héritage d'une tante de la Roque (cette famille possédant ce fief depuis plus de cent ans) à charge d'en relever les noms et armes. Désormais à la tête d'un domaine assez conséquent qui devait lui procurer de bons revenus, Izaac d'Isarn de la Roque, baron de Beaufort, seigneur d'Artix, de Jouarres et coseigneur d'Azillanet, ce dernier titre étant partagé avec son frère cadet François. Ainsi pourvu, il put envisager un mariage digne de sa situation. Son choix se porta sur une demoiselle issue de l'une des plus prestigieuses familles rouergates, Marie d'Arpajon, fille aînée de "haut et puissant seigneur" messire Jean d'Arpajon, vicomte d'Arpajon, Marquis de Séverac (Séverac le Château en sud Aveyron), comte de Mirabeau, vicomte de trois ou quatre seigneuries et baron de cinq ou six et de "haute et puissante dame" Jacquette de Clermont, dame de Brusque et de Fayet. La mariée reçoit de son père 24 000 livres de dot et son futur mari lui offre 2000 livres en

pierreries, bagues et joyaux. Le contrat stipule que cette union sera validée "en face de Sainte Mère église catholique, apostolique et romaine" ce qui fut fait en 1626.

Cette période correspond à une extension très importante des parcelles de vignes.On cherche à étendre au maximum les parcelles en «grignotant» sur les garrigues. Dès la fin du 18e siècle, ce fut la «ruée vers la garrigue», c'est-à-dire vers les communs et les vacants.

 

Un seigneur protestant en Minervois

Néanmoins Izaac professe la "Religion Prétendue Réformée", c'est-à-dire le protestantisme. On ignore si c'est par réelles convictions reçues de ses parents ou par opportunisme politique. En 1628, il prit part à la révolte des protestants béarnais contre le duc de Rohan et, après la chute de La Rochelle, lorsque Condé mena campagne au pays de Foix contre Rohan, Izaac de Beaufort commandait à Pamiers. Le 10 mars la ville fut prise et Izaac condamné à mort par le Parlement de Toulouse. Sentence rapidement amnistiée sans doute. Quoi qu'il en soit ses opinions religieuses semblent être restées constantes, car plus de vingt ans plus tard, il est inquiété par un arrêt de ce même Parlement qui lui interdit de faire aucun exercice de la Religion Prétendue Réformée dans son château "se jactant ledit d'Isarn de vouloir y faire faire le presche et autres exercices de la dite religion, quoique jamais, dans icelluy chasteau ni dans l'estandue du diocèse de Narbonne, on n'en a point uzé ainsi". L'arrêt lui est signifié en janvier 1649, mais en juin suivant, l'huissier d'Azille retourne à Jouarres "parlant audit sieur d'Isarn trouvé en personne devant la porte de son dit chasteau" pour lui donner assignation par devant la cour judiciaire "faute d'avoir obéi à l'arrest et attendeu la contravention par luy faicte à icelluy" 

Le litige sur la justice seigneuriale d'Azillanet 

En 1630, Izaac hérite de sa tante Cécile d'Isarn, veuve du baron de Puichéric, la part de la seigneurie d'Azillanet que celle-ci possédait, consistant en droits de justice et seigneuriaux, en biens fonciers et en immeubles dont le petit château, une partie du grand et de la basse-cour. Il fait procéder à un inventaire détaillé des lieux et se trouve aussitôt en litige avec la communauté. Plusieurs procès sont entamés avec les habitants d'Azillanet et ses représentants, notamment au sujet du rachat de la justice seigneuriale du lieu. Dans cette affaire, la communauté aurait été soutenue financièrement par l'archiprêtre d'Azillanet Anne de Fleyres (par ailleurs neveu et vicaire général de l'évêque de St Pons). Cet ecclésiastique n'aurait jamais pardonné au sieur d'Isarn d'appartenir à la religion réformée - ce qui l'aurait conduit un jour, par provocation, à faire abreuver son cheval dans le bénitier de l'église St Laurent - et surtout de faire prêcher des pasteurs à Jouarres. La trace d'Izaac d'Isarn, baron de Beaufort se perd vers 1650. On peut supposer qu'il décéda à Jouarres. Comme il n'avait pas d'enfant, à son décès, ses biens passèrent à ses trois neveux Louis d'Isarn de la Roque, seigneur et baron de Beaufort, Jouarres et Artix, François d'Isarn, coseigneur d'Azillanet et Bernard, habitant d'Olonzac. Ceux-ci furent maintenus dans leur noblesse par jugement souverain de 1669. 

 

Le dernier d'Isarn, Louis d’Isarn, bienfaiteur, généreux mécène

En 1663, les deux frères François et Louis vendirent les deux parties formant la totalité de la seigneurie d'Azillanet, qu'ils possédaient en commun, à la communauté des habitants pour la somme de 29 000 livres. Celle-ci en rétrocéda aussitôt la justice au roi, mettant ainsi un terme aux querelles suscitées à son encontre par feu Izaac. Les cadets François et Bernard étant morts assez jeunes sans enfant, Louis d'Isarn de la Roque, baron de Beaufort, seigneur de Jouarres et d'Artix se trouva seul héritier des biens de ses ancêtres. Il se marie en 1657 avec Marie de Caylus, fille de François de Caylus, seigneur de Colombières et de Rouayroux et de Louise de Thézan du Poujol. Il parait avoir résidé alternativement dans ses châteaux de Beaufort et de Jouarres gérant ses biens dans le sens de ses intérêts et n'hésitant pas, en 1654, à défendre vigoureusement ses terres lors d'un problème de limite de souveraineté avec la communauté d'Olonzac En 1683 il fait établir des constats d'huissier à l'encontre de son proche voisin Guillaume de Ste Colombe, seigneur d'Oupia au motif que les troupeaux de ce dernier envahissaient et détérioraient régulièrement ses vignes de Beaufort.

1684


FAMILLE DE CAYLUS

Louis d'Isarn, seul seigneur et baron de Beaufort, Jouarres et d'Artix, devenu sexagénaire n'a pas eu de progéniture. Il décide, en 1684, de donner ses biens à son épouse Marie de Caylus.

C'est donc la famille de Caylus qui va posséder durant 40 ans la baronnie de Beaufort avec son domaine viticole, le fief d'Artix et le château de Jouarres avant de les mettre en vente.

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Mort de Louis d'Isarn

Le 29 juillet 1684, alors qu'il est souffrant, Louis d'Isarn fait rédiger son testament par un notaire "estant dans son chasteau, à une chambre du costé de midy, sur une chese de repos, se trouvant incomodé de sa santé, néanmoins bien sain de tous ses sens, mémoire et entendement" en présence du curé de Beaufort, des archiprêtres d'Azille et de

St Pons et de divers notables des environs. Il désigne son épouse pour sa légataire universelle. Il désire être inhumé dans l'église de Beaufort, demande deux mille messes de requiem dans les trois mois après son décès et fonde une rente annuelle de 50 livres pour le curé de Beaufort et 25 livres aux pères cordeliers d'Azille pour célébrer d'autres messes à sa mémoire. Il lègue à son valet de chambre 300 livres, 100 livres à sa servante, 200 livres à l'église de Beaufort pour la réparer, 300 livres pour marier cinq filles pauvres de Beaufort et 400 livres pour être distribuées aux familles les plus nécessiteuses de ce village. Le 30 août de l'année suivante, Louis d'Isarn mourut alors qu'il faisait une cure à Camarès (dans le sud Aveyron actuel) "étant venu dans ce village pour y boire les eaux minérales". On l'ensevelit le lendemain dans l'église St Michel de Camarès en présence de son neveu Jean de Caylus, marquis de Rouairoux. Le testament fut ouvert le 11 septembre au château, devant la veuve Marie de Caylus, les trois prêtres et les témoins ayant assisté à sa clôture l'année précédente.

Avec Louis d'Isarn disparaît le dernier descendant d'une dynastie qui possédait Beaufort depuis plus de trois siècles.

C'est également une nouvelle période de croissance dans le commerce du vin.

Le vin était exporté par le port de Sète, situé à 100 km, mais à partir de 1680, le Canal du Midi, œuvre de Paul Riquet, entre en fonction et devient un maillon essentiel entre les vignobles méditerranéens et l'Atlantique. C'est à partie de cette époque que commence l'exportation des vins du domaine vers l'Angleterre par le port de Bordeaux. Le petit port sur le canal du midi à partir duquel était chargé le vin sur des barques à fond plat se situe à seulement 5 km des caves du Château.

Au décès de Marie en 1686, son neveu Jean, Marquis de Caylus, seigneur de Colombières et de Rouairoux, devient seigneur de Beaufort, d'Artix et de Jouarres. Celui-ci appartenait à la haute noblesse du biterrois et du narbonnais puisque Jean de Caylus avait épousé Marie de Bonsi, soeur du célèbre cardinal de Bonsi, archevêque de Narbonne et affidé de Colbert. En 1701, Marie de Bonsi, veuve de Jean et leur fils Pierre, Marquis de Caylus et baron de Beaufort, colonel d'un régiment de dragons, vendent aux Lenoir, habitants de Bize et coseigneurs d'Oupia, pour la somme de 22 000 livres, une rente constituée de 1150 livres annuelles due à perpétuité par la communauté d'Azillanet.

L'année 1709 est marqué par un gel exceptionnel et terrible qui durant trois semaines au mois de janvier, font périr la plupart des pieds de vignes. Même le vin gèle dans les barriques. En 1712, le marquis Pierre de Caylus, baron de Beaufort, est qualifié de "haut et puissant seigneur". Il est à la tête d'une dizaine de seigneuries et sa carrière dans l'armée l'a conduit jusqu'au grade de maréchal de camp (général de brigade). Il siège de surcroît comme baron des États du Languedoc.

En 1715, il fait hommage au roi pour sa terre de Jouarres. En 1718 il conclut une transaction avec la communauté de Beaufort au sujet des droits seigneuriaux. Finalement, la baronnie de Beaufort et le fief d'Artix sont vendus en janvier 1724 par le marquis de Caylus et ses héritiers. 

1724

LES AMIEU S'INSTALLENT À BEAUFORT

La famille Amieu, est originaire de Toulouse. Riches marchands anoblis par la charge de capitoul, ses membres président la bourse des marchands toulousains (chambre de commerce), siègent au Capitole, deviennent barons de Blagnac et Jean Baptiste, conseiller du roi, obtient en 1716 l'office de Trésorier général de France à Montauban. C'est lui qui acquiert des Caylus en 1724 la baronnie de Beaufort et le fief d'Artix.

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Jean Baptiste d'Amieu rétrocède aussitôt à son frère, maître Joseph Amieu, prêtre et recteur d'Olonzac (de 1716 à 1772) "en raison de l'amitié et affection particulière qu'il a pour lui". Comme il n'est pas dans la vocation d'un prêtre de posséder une baronnie, on se doute que ce patrimoine ne lui est pas directement destiné, mais qu'il s'agit là d'un "arrangement" de famille. D'ailleurs en 1727, c'est Jean Baptiste, s'intitulant baron de Beaufort et de Blagnac qui rend hommage au roi Louis XV pour sa seigneurie de Beaufort et dépendances "avec justice haute, moyenne et basse" et pour les fiefs de St Martin d'Oneyrac et de Savigne. En 1731, le domaine de Beaufort change une nouvelle fois de main et passe au benjamin de la fratrie, François.

1731

FRANÇOIS D'AMIEU, BARON DE BEAUFORT

De frère en frère la baronnie échoit donc à François d'Amieu, en 1731, date de son mariage avec Marie Vitalis de La Tour, d'une ancienne famille bourgeoise puis noble d'Olonzac. Il a déjà à son actif une carrière militaire comme capitaine de dragons, ce qui lui a valu d'être décoré de la croix de Saint Louis. Ce baron va "régner" en maître sur le domaine du Château de Beaufort pendant 50 ans. Il commence par faire des travaux au château en rehaussant les toitures pour aménager des appartements en enfilade aux cheminées parfois décorées de gypseries, et mettre en place une porte d'entrée monumentale.

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Gypserie du début du 18ieme siècle dans le salon du 1er étage.
La gypserie se trouve sur le manteau d’une cheminée. 

Après les rénovations qu'il entreprend dans le château, une reprise en main de la seigneurie est à ses yeux devenue nécessaire afin d'en rétablir les prérogatives et d'en augmenter les revenus, mais il va peu à peu se heurter à la résistance des habitants du village. En 1753 il obtient du Parlement de Toulouse un arrêt sur les droits seigneuriaux, honorifiques et de police. Ce texte stipule notamment que le seigneur, ou son représentant, doit présider toutes les assemblées communautaires, que dans les églises de Beaufort et d'Artix, le pain bénit et les cierges lui seront présentés en premier, avant tout autre, qu'il sera recommandé par le curé aux prières publiques le dimanche et jours de fête. Lorsque la date des vendanges aura été fixée par les prud'hommes, elle devra être publiée en son nom à la messe du dimanche et en vertu de son droit de ban, il disposera de trois jours pour vendanger ses propres vignes.

De 1732 jusqu'à sa mort en 1782, François d'Amieu a particulièrement marqué la vie du village et du domaine.

En 1740, les vignes font fassent à un nouveau gel important, il est noté dans un document conservés que «les sarments des vignes ont perdus leurs bourgeons à cause de la gelée., le vin sera rare»

C'est probablement au mois de mars que cela s'est produit. Il s'agit de gelée de printemps.

En 1752 il poursuit au criminel Jean Tourret, l'un des principaux habitants, à qui il reproche d'avoir vendangé ses vignes sans lui en avoir payé le droit de tasque (redevance en nature) au onzième de la récolte. Diverses autres affaires nous ont été conservées dans divers écrits, notamment l'affaire Bourdié , concernant un calcul d'assise d'impôts ou l'affaire Antoine Sabatier, qui concerne des droits d'utilisation de terres.

1754: les vendanges sont faites trop tard, et de la pourriture apparaît. Une partie de la récolte est perdue.

1755: année de sécheresse importante. Grande sécheresse qui fait des ravages. Le raisin vendangé est en mauvais état.

1770: extension des vignes, en défrichant de nouvelles parcelles de garrigues.

1779 : récolte de vin très faible, réduite des 3/4.

À moins de vingt ans de la Révolution, on est toujours dans un système féodal ou : François d'Amieu est seul seigneur de la terre de Beaufort où il jouit du droit de haute justice avec fourches patibulaires (gibets) à quatre piliers. Son juge rend la justice au château. Il choisit chaque année l'unique consul sur une liste de deux noms présentés par le consul sortant et reçoit son serment. Il possède seul le droit de chasse. Tous les vacants lui appartiennent. Il a le four banal et prélève le vingt-cinquième de tout ce qui s'y cuit. Les droits de mesurage du vin et de l'huile sont payants à son profit. Il jouit du droit de préemption sur l'ensemble des ventes dont il perçoit le sixième des montants. Tous les propriétaires doivent lui payer annuellement les cens, tasques et agriers sur, les vendanges, ainsi que toutes les cueillettes de fruits et des olives, dans l'étendue de la baronnie. Ces droits sont portables dans son château. Enfin chaque chef de maison est tenu de lui offrir le 11 novembre, jour de la St Martin fête patronale, une poule "bonne et grasse" et la communauté en corps doit s'imposer pour lui d'une albergue annuelle de 60 livres (redevance en argent).

François d'Amieu meurt en 1782 à presque 80 ans. Il est inhumé dans le caveau qu'il a fait / construire contre le chevet de la chapelle Ste Madeleine d'Artix où son épouse l'avait précédé en 1770 et où le rejoindront, en 1786 son frère Jean-Baptiste, célibataire, ancien mousquetaire, retiré depuis longtemps à Beaufort avec la croix de St Louis et le grade de

colonel, puis son fils et petit-fils au XIXe siècle. Trois filles de François ont épousé des gentilshommes. L'une d'elles s'est mariée avec le capitaine Joseph d'André, propriétaire du domaine du Pech, à Azillanet.

1789

LA RÉVOLUTION

En 1782, François succède à la tête de la baronnie. N'ayant pas émigré ni même quitté son domaine de Beaufort il traverse la Révolution sans encombre ou presque.

Lors de la convocation par le roi Louis XVI des états généraux à Versailles du 27 avril 1789, Francois Amieu de Beaufort, ne se déplacera pas et signera une procuration à Monsieur de Siran, qui le représentera pour l'ordre de la noblesse.

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François d’Amieu de Beaufort conserve tous ses biens qui comprennent le château, la métairie d'Artix et ses 157 hectares. Une fois les troubles de la Révolution passés, il fera entreprendre, au début du XIXe, des travaux de rénovation du château.

Dans un document établit le 9 mai 1790, il est reprit un extrait des biens nobles et privilégiés de la communauté de Beaufort dressé en conformité avec la proclamation du Roi du 10 décembre 1789 ;

« Monsieur d’Amieu de Beaufort jouit et possède un château avec place et basse cour, un four à cuire le pain dans le lieu, un moulin à huile, un pré », des vignes et des champs. Il possède aussi une métairie appelée Artix. Elle se trouve près des terres d'Aigne, Oupia et Beaufort.»

A l'instauration la première République en 1792, il est mentionné que Monsieur de Beaufort possède deux domestiques et deux servantes pour s'occuper de l'entretien du château.

Suite à un arrêté du 26 mars 1793, établissant que les équipements des soldats doivent être payés grâce à une souscription parmi les citoyens aisés, le (désormais) citoyen François Amieu a été taxé pour 600 livres, et trois autres citoyens de Beaufort pour 100 livres chacun. Cela représente en tout 900 livres ce qui permet de financer l’équipement militaire des trois volontaires de la commune partant défendre les frontières.

Le 23 octobre 1793, une mini jacquerie a lieu à la sortie du château, car il y a eu une tentative de faire sortir une charrette remplit de 30 sacs de grain, or cette période révolutionnaire et de troubles est aussi un temps de disette.

En 1794 et 1795, d’importantes réquisitions de vins du domaine furent imposées, mais qui étaient cependant échangées contre du grain.

1808

1er EMPIRE PUIS RESTAURATION

Sous la Restauration, Francois Amieu de Beaufort retrouve même son titre de baron et sera maire de Beaufort de 1808 à 1831.

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Le 12 novembre 1817 se déroule une cérémonie d'inauguration qui est reprise dans les termes suivants selon le texte d'époque: «Francois d'Amieu, baron de Beaufort, propriétaire du domaine du Château de Beaufort et maire de la commune a procédé, en présence de la garde nationale et de toute la population dans la joie la plus unanime, à l'inauguration du buste de notre bon Roi Louis XVIII, illustre monarque ne pouvant se montrer lui-même à tous ses sujets, a bien voulu leur permettre d'avoir son image parmi eux »

Après la messe, le buste est transporté à la mairie pour y être exposé à la vue de tous.

Il meurt en 1835. N'ayant pas eu d'enfant de ses deux mariages, il adopte en 1818 François Saint- Maurice dont la naissance est mystérieuse. Ce dernier deviendra aussi maire de Beaufort de 1834 à 1847 et décédera à Beaufort en 1847. L'un des fils de celui-ci, François Achille d'Amieu de Beaufort, né au château de Beaufort en 1819, vendra tous les biens de Beaufort en 1855. Le nom a été relevé par sa descendance féminine par décret de 1954 et deux membres de cette famille sont assez bien connus actuellement : Xavier de Moulins, journaliste présentateur sur M6 et Mgr Eric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris. Leur véritable patronyme est de Moulins d'Amieu de Beaufort.

1855

FAMILLE MERLE

Vue de la face nord Château. Carte postale datée de 1909.

Vue de la face nord Château. Carte postale datée de 1909.

Vue de la face nord du Château. Photo datée de 14 juin 2022.

Vue de la face nord du Château. Photo datée de 14 juin 2022.

En 1855, le château, la propriété et le domaine d'Artix sont acquis par la famille Merle d'Olonzac, Monsieur Merle était le régisseur du domaine viticole ainsi que l'homme de confiance de François Achille d'Amieu de Beaufort. C'est ainsi que naturellement la transmission s'est effectué. Il s'agit d'une transaction qui s'apparente plus à une transmission qu'à une vente proprement dite bien qu'un aspect financier a bien sûr été présent.

La famille Merle va d'ailleurs perpétuer la «tradition» de la famille des Amieu en étant à la fois propriétaire du château et du domaine viticole, mais aussi en étant maire de la commune, comme c'est le cas de Jean-Baptiste Merle qui est maire de Beaufort de 1870 à 1880.

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Dans un document de 1860, il est noté que les vendanges se font en général du 28 septembre au 18 octobre. On peut remarquer que c'est environ une semaine plus tard que de nos jours.C'est une période de forte croissance ou le domaine produisait de grandes quantités de vins et ou les investissements sont importants.

L'arrivée du chemin de fer à Beaufort permit aux vins du domaine d'élargir ses débouchés commerciaux. La gare de Beaufort se situait à seulement 350 mètres de la cave du Château. Les débouchés commerciaux de l'époque sont surtout le nord de la France, mais aussi l'Angleterre.

Ce fut une époque également plein de défis au niveau des contraintes sanitaires avec l'apparition aux alentours de 1850 de l'oïdium, maladie qui attaque les feuilles de la vigne. Puis apparu le phylloxéra en 1863, et à la fin du XIXe siècle, le mildiou, qui est un champignon qui se fixe sur le dos des feuilles de vignes entraînant la chute de celles-ci de façon précoce.

L'année 1868 fait état d'une sécheresse importante et d'une récolte très réduite.

En 1886, il est fait état d'un accident dû à la mauvaise qualité des chemins de l'époque et une charretée de vendanges a été versé sur le chemin, ce qui a entrainé la colère de jean-Batiste Merle, qui avec son frère Urban Merle, ont fait des réclamations pour faire élargir le chemin allant du Château de Beaufort à la métairie d'Artix.

En 1896, il y eut un problème avec des chasseurs étrangers à Beaufort qui vinrent nombreux avec des meutes de chiens causant des dégâts importants dans les vignes, surtout quand la récolte fut encore pendante et même quand elle fut enlevée.

Les mesures nécessaires seront prises et ces abus cesseront par la suite.

Les vins étaient élevés et conservés dans des immenses tonneaux de bois de chêne (appelés foudre), qui ne sont plus utilisés de nos jours. Trois d'entre eux étaient dans la cave du château, mais ayant besoin de place pour de nouveaux équipements, ils ont été conservés et déménagés, non sans peine, pour être installés sur le domaine près des vignes en 1998.

Un des foudres datant du 19ieme siècle provenant de la cave du Château et déposé en 1998  près des vignes du domaine.

Dès la fin du 19e et jusqu'au milieu du 20e siècle, le régisseur du domaine habitait dans l'aile droite du Château et certains ouvriers agricole avec leurs familles logeaient également dans le Château.

Photo daté de 1910 de la cour du Château de Beaufort, avec les familles des propriétaires et régisseur du domaine et enfants des ouvriers agricoles. À cette époque plusieurs familles travaillant au domaine viticole habitait ensemble dans cet imposant château de presque 2000 m² de superficie habitable.

En 1910, il y eu des fouilles archéologiques sur le domaine de la métairie d'Artix. De nombreux vestiges gallo romains fut mis à jour.

En 1929, Lors de travaux dans une vigne, toute proche de la chapelle Sainte Madelaine, un cimetière a été découvert (14 tombes à dalle) daté de la période gallo romaine, grâce aux monnaies de Constantin et d' Hadrien découvertes lors des fouilles.

En 1931, de nouvelles fouilles sont menés par l'archéologue Laurent Mathieu qui met au jour des villas gallo romaines sur le domaine.

En 1933 Jean Batiste Timothée Merle décède et son fils Léon reprend le château viticole.

Occupation allemande

Durant l'occupation, le Château a été partiellement réquisitionné par l'armée allemande, en particulier les mansardes ou logeait la troupe.

Certains témoignages nous sont parvenus faisant mention d'un goût certain et très peu modéré pour les vins du Château Beaufort, de la part des soldats allemands.

Au début des années 1950, la famille Merle décide de mettre en vente le domaine viticole.

1952

FAMILLE MARTY-PORTAL

C'est donc, après presque un siècle de possession, que la famille Merle, cède le 15 mars 1952, le domaine à la famille Marty-Portal, les propriétaires actuels.

Richard Marty, grand-père des propriétaires actuels, photo non daté, (environ 1955).


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Au tout début des années 1980, il y eut un changement radical dans les plantations. Beaucoup de vignes d'anciens cépages comme l'Aramon (planté à la fin du 18e siècle par la famille Amieu de Beaufort), le cinsault ou le Carignan ont été remplacés par des cépages de Syrah, de Grenache ou de Mourvèdre.

Cependant, certaines parcelles de Carignan très anciennes et très qualitatives ont été soigneusement conservées pour produire des vins vinifiés en macération carbonique.

Le 21 décembre 1984, dû à l'histoire et au patrimoine particulièrement riche du domaine, le château a été classé monument historique par un arrêté du ministère de la culture.

Détail du travail au domaine, du 20 octobre au 26 octobre 1952.  De multiples notes et documents relatant le travail au domaine ont été conservés.

Détail du travail au domaine, du 20 octobre au 26 octobre 1952.
De multiples notes et documents relatant le travail au domaine ont été conservés.

Lettre au préfet de l'Hérault sollicitant un numéro d'exploitation

Lettre au préfet de l'Hérault sollicitant un numéro d'exploitation

Certification de vins de qualité supérieure pour une cuve de 240 hectolitres. Daté du 3 février 1964.

Certification de vins de qualité supérieure pour une cuve de 240 hectolitres. Daté du 3 février 1964.

Détail des journées des vendanges 1972, du mercredi 11 au samedi 28 octobre. Il s'agit d'une note que les vendangeurs présentent aux propriétaires à la fin des vendanges, en vue de l'établissement des fiches de paie

Détail des journées des vendanges 1972, du mercredi 11 au samedi 28 octobre. Il s'agit d'une note que les vendangeurs présentent aux propriétaires à la fin des vendanges, en vue de l'établissement des fiches de paie. Le fonctionnement est exactement le même de nos jours.

Etiquette du Château Beaufort, millésime 1984

Etiquette du Château Beaufort, millésime 1984

1985

AOP MINERVOIS

En 1985, fut créée l'Appellation d'Origine Protégé AOP Minervois. 94 % du total de la superficie des vignes du domaine est en aire de production AOP.

Note présenté par le saisonnier pour la taille de 1986. La fiche de paie s'établissait en fonction de nombre de pied de vigne taillés. De nos jours, la paie s'effectue à l'heure et non plus au pied de vigne.

1988

Le 28 janvier 1988, une société a été constituée remplaçant l'exploitation en nom propre qui avait cours auparavant.
De nombreux travaux d'aménagement et de plantations ont eu lieu durant ces dernières décennies, tout en préservant la typicité du lieu.

2019

EXTENSION DE LA CAVE

Une importante extension de la cave existante a été créée en 2019, doublant pratiquement la capacité de vinification et mêlant ainsi tradition et modernité, tout en optimisant l'efficacité de travail.

L’histoire du domaine continue…!